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  • Photo du rédacteurl'ampoule créative

UN HÉROS... ET TRENTE FIGURANTS EN CARTON




Il était une fois l'histoire de Toto le héros aventurier et de... ah non, pardon, juste de lui parce que les autres n'existent que pour remplir les trous. Dans cette histoire, vous suivrez donc les aventures de Toto – étant donné que c'est un aventurier, ça paraît plutôt logique jusqu'ici – jusqu'à la fin de l'histoire. Dans son entourage, il y a la mère de Toto, le père de Toto, la meilleure amie de Toto, le voisin de Toto, le chien de Toto, le facteur de Toto et je... j'arrête là parce que je vais finir par vous coller la nausée, ce qui n'est pas mon but.

Je pense que vous voyez où je veux en venir... Souvent, quand je commence à lire une fiction sur un blog, ou pire encore – même si ça arrive moins souvent – un roman, ça me saute tout de suite aux yeux, et l'expression qui me vient alors à l'esprit, en gros et en poli, c'est : « bon, eh bien c'est mal barré. » Toto évolue dans un monde minuscule où tout va tourner autour de lui, et rien ne se cache derrière les autres personnages, juste des étiquettes de rôle avec rien d'autre que du vide derrière.

Quel dommage !

Mon cheval de bataille favori, en tant que lectrice mais également et surtout en tant qu'autrice, ce sont les personnages. Je suis du genre à les chouchouter au point d'en oublier parfois qu'une histoire est censée se dérouler à côté (on ne peut pas être parfait, eh, oh.) Quand un personnage me vient à l'esprit, peu importe s'il s'agit du héros ou de son cousin au trente-huitième degré : s'il a une raison, même minime, d'entrer dans l'histoire, je vais le bichonner comme s'il était de ma famille et qu'il venait dormir chez moi, en lui apportant des coussins, une couette, un bouquin et des tas de chocolats pour qu'il se sente bien. Je vais me demander ce qu'il aime manger le midi, les couleurs qu'il pourrait détester et le genre de personne dont il pourrait tomber amoureux. Je vais tout faire pour qu'il s'intègre, quoi. Parce qu'à bien y réfléchir c'est un peu la même chose au final. Imagine, tu appelles un type, tu lui dis « écoute, viens, tu verras, tu vas être bien », et puis le gars se ramène tout content, tout ça pour qu'au final il découvre que son « rôle » c'est de se tenir dans un coin et de tenir la lampe pour faire de la lumière au héros ? Nooon ! Malheureux ! Arrêtez ça tout de suite ! Paul méritait mieux, tout de même ! (dans mon exemple, ce personnage s'appelle Paul, OUI.)


Voici Paul, et Paul est TRISTE OK.

C'est tellement plus cool quand tous les personnages sont bien traités, et qu'on a vraiment le sentiment qu'ils ont une vie, des trucs à eux, et qu'ils ne se contentent pas d'être là pour servir les intérêts du héros. Tout le monde a un but, dans sa vie, non ? Ou des passions, des loisirs, des trucs qui les font vibrer, des intérêts particuliers, des envies et des peurs aussi ! Je n'aimerais pas naître avec l'étiquette « meilleure amie de l'héroïne » imprimée sur le front, merci bien ! Eh bien pour moi c'est la même chose avec les personnages. Même si 400 pages d'un roman n'est évidemment pas suffisant pour traiter les petits tracas de chaque personnage, et que certains auront de toute façon un rôle de figurant, un auteur doit savoir ce qui se passe derrière, parce que ça se sent à la lecture. C'est un peu le sourire de Mona Lisa, quoi. Tu te contentes de regarder le tableau tout entier mais tu sais qu'il y a un truc derrière.

Et en tant qu'auteur(ice), je trouve que c'est un travail fascinant à faire.


Il y a quelques genres où l'exemple est plus flagrant que dans d'autres. Prenez un héros ado dans un roman contemporain ; ses parents subissent souvent ce triste sort. Ils ne sont bons qu'à rentrer dans une touuuute petite case, vous savez, celle du « nous-sommes-tes-parents-ce-qui-nous-donne-le-droit-d'être-autoritaire-et-de-te-punir-autant-que-nous-le-voulonsblablabla », même si rien au monde ne justifie leur comportement la plupart du temps (c'est juste histoire de faire ch*er, quoi). « Jeremy, range ta chambre ! » « Non, Jeremy, je t'interdis de sortir avec cette superbe fille que tu voulais inviter au bal de fin d'année ! Pourquoi ? Parce que je suis là pour produire du suspense, voyons, réfléchis un peu, Jeremy. Ce garçon est totalement stupide. Et n'oublie pas de faire tes devoirs, de sortir les poubelles, de faire la vaisselle et de te pendre avec la corde à linge quand tu auras terminé. Arrête de râler, Jeremy, je fais ça pour ton bien ! »



I'm bad and i don't even know whyyyy

La seconde option, avec les parents, surtout dans une (fan)fiction, c'est quand ils brillent par leur absence – j'appelle ça le « quand je ne vois pas d'utilité à un personnage qui est censé être là, je le fais disparaître et tout est tout de suite plus simple, oui ils sont tous les deux morts dans un accident de voiture, comme c'est prati- triste, je voulais dire triste » – mais c'est encore une autre histoire, donc je ne m'étalerai pas ici sur le sujet.


Les parents ne sortent pas de leur rôle guindé et minuscule de parent, et ils n'existent pas autrement, ce qui les transforme automatiquement en carton pâte. Ils ne sont pas les seuls, mais c'est un exemple type. Dès qu'un personnage récurrent se contente de jouer le rôle qu'on lui a donné et qu'on pourrait lui coller une étiquette sur le front pour résumer le rôle en question, c'est qu'il est en papier mâché. « LA MEILLEURE AMIE » : « Si je peux venir chez toi alors qu'il est plus de deux heures du matin et que tu viens de me réveiller avec ton appel téléphonique à la con parce que Jason vient de te larguer et que tu penses que je n'ai que ça à faire ? Mais bien sûr, Jessica, je suis là pour ça ! » : « LE FRERE RELOU » : « Mon crétin de frère qui a pourtant des millions de choses à faire a été répéter à Jason que j'étais amoureuse de lui pour faire avancer l'histoire, je le déteste ! » : « LE PROFESSEUR AGRESSIF » : « Maman, je te jure que je méritais pas cette heure de colle, j'étais là à rien faire du tout et il m'a puni, tu sais bien que je suis une sainte, c'est un vrai psychopathe/alcoolique notoire/ crétin pervers ! » : « LA VOISINE TAPAGEUSE » : « à chaque fois qu'on fait tomber la télécommande par terre, elle vient sonner chez nous pour nous engueuler à cause de ses oreilles supersoniques, histoire de mettre un peu l'ambiance ! ».

J'aimerais bien savoir que la voisine a des tocs ou que le professeur aime bien s'en fumer une avant de bosser, qu'il a les doigts jaunis par la nicotine et que la voisine oublie constamment de retirer ses bigoudis après avoir pris sa douche, parce que c'est le genre de détails un peu cons qui les rendent humains et réalistes auprès d'un lecteur, même si c'est un rien, parce que franchement, ça prend deux secondes à écrire et c'est visuel, non ? J'aimerais bien que la meilleure amie ne se résume pas à être une meilleure amie. Qu'est-ce qu'elle fait, quand elle rentre chez elle, cette fille-la ? Elle cesse d'exister quand l'héroïne n'est pas dans les parages ? Donnez-lui au moins une passion à elle, par pitié ! Ce que vous voulez. Le scrapbooking, par exemple. Nous, les lecteurs, on a envie de ça ! (De détails, pas de faire du scrapbooking, hein. Ça c'est vous qui voyez.)

En résumé, je vois les choses comme ça : un personnage doit « imprimer » un minimum son empreinte dans le cerveau du lecteur. Si vous ne donnez aucun détail, il se contentera d'être une silhouette floue et s'effacera tout aussi vite de son esprit. Un détail ? Il s'accroche un peu plus et s'étoffe. Quelques détails au fil de la lecture et voilà, ça y est, il cesse d'être transparent ! Et si tous les personnages réussissent à laisser une empreinte, c'est toute l'histoire qui finit par devenir inoubliable, parce qu'elle vivra longtemps par elle-même. Typiquement le genre de romans auquel on continue de penser des mois après une lecture et qu'on relit parfois... ou souvent !

Et vous, qu'en pensez-vous ? Comment gérez-vous vos personnages ? Quels sont vos « trucs » pour les étoffer, et pour tout équilibrer ? N'hésitez pas à commenter l'article, vous pouvez vous inscrire en quelques clics, ou à me rejoindre sur twitter pour qu'on puisse en discuter !

Un article est posté sur ce blog tous les vendredi soirs.

La semaine prochaine, je poste un extrait d'un de mes deux projets de romans ! Sur ce, à plus dans le bus. (Oui, j'ai 85 ans dans ma tête.)

58 vues1 commentaire

1 Comment


azazou78
Jun 22, 2018

Un des (nombreux) soucis de mon CC2017, du moins pour les deux compères du héros principal :(

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