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  • Photo du rédacteurL'ampoule créative

Pourquoi écrire ?

Je me présente, Mirardwork alias Nana, vingt-six ans à quelques poussières près, blogueuse depuis moins d'une minute et autrice à ses heures perdues.

Alors oui, je sais, c'est peut-être un peu violent comme premier titre pour un premier article d'un tout premier blog d'écriture (vous l'aurez compris, ce post s'apparente pour moi à un dépucelage, oui oui), mais honnêtement c'est pour cette idée-là que je me suis enfin décidé à ouvrir un blog d'écriture alors lançons-nous. L'idée était exactement celle-ci : pourquoi écrire, au final ?


On aime beaucoup dire qu'on écrit parce qu'on est passionné par l'écriture et on a bien raison de le mettre en avant parce que c'est la vérité pure. Après tout, on n'ira pas se fatiguer à suer sur un clavier sang et eau pendant des mois si on aime pas ça un minimum. C'est un peu notre tartine de merde à nous. (Si vous ne connaissez pas encore la théorie de la tartine de merde d'Elizabeth Gilbert, je vous conseille de changer ça et tout de suite, ok ?)

Je ne connais pas un gus qui se lancerait dans l'écriture pour gagner sa vie. En général, quand on veut gagner sa vie, on choisit de la passer dans un bureau à vendre des assurances*, ou tout autre travail à horaires fixes qui vous rapporte un salaire à la fin du mois – non, madame Angot, la vie d'artiste n'est pas un plan B, la vie d'artiste, c'est une sacrée paire de couilles qu'il faut savoir porter. Mais on ne va pas se mentir, entre nous : si un éditeur passait par là un jour et qu'il nous passait un coup de fil pour nous proposer de faire publier notre bouquin, notre bébé, notre chouchou, est-ce qu'on refuserait ? À moins qu'il ne soit spécifié en tout petits caractères en fin de contrat qu'en signant on lui donnera aussi notre âme, notre mère et notre chien, ça m'étonnerait bien. Moi en tout cas j'accepterais... peut-être même s'il y avait les petits caractères concernant l'âme, la mère et le chien. (Non, c'est une blague, enfin je crois. De toute façon, je n'ai pas de chien.)

Mais hier soir, j'ai eu affaire à un nouveau genre de dilemme.

Après avoir juré avec le genre de tweet débile qu'on tweete en fin de soirée quand on a lutté contre la page blanche pendant quatre longues et pénibles heures – comprenez donc avec l'équivalent de deux grammes dans le sang – que je finirai mon roman quoi qu'il m'en coûte, figurez-vous que j'ai eu la bonne idée de cliquer sur un vieux fichier oublié dans mes documents pour exhumer un début de roman avorté.

Ne me regardez pas comme ça, mon doigt a glissé.

Ce début de roman s'appelle Blue Hours. Blue Hours, voici le lecteur. Le lecteur, Blue Hours. Allez-y, asseyez-vous et faites connaissance parce que Blue (c'est son petit nom) risque de s'inviter très souvent ici.

Cette idée de roman traîne dans ma tête et dans mon ordi depuis 2014 : à la base, c'était un texte destiné au Christmas Challenge. Inutile de dire que le challenge n'a pas été rempli. Le premier décembre, premier jour du challenge, j'ai fait comme je fais d'habitude : j'ai cru avoir une idée lumineuse qui allait tout déchirer sa race, j'ai validé ma propre idée lumineuse qui allait tout déchirer sa race les yeux fermés et j'ai commencé à écrire avec un enthousiasme débordant pendant que mon sens de l'organisation se tapait un facepalm en arrière plan et se tirait en claquant la porte avec mauvaise humeur.



(Un facepalm comme ça.)

À bien y réfléchir, si j'avais décidé de commencer un blog qui se serait intitulé « Comment ne surtout pas finir de premier jet valable, jamais, jusqu'à la fin de votre vie », j'aurais probablement été repérée et éditée dans la foulée. J'ai raté le coche, c'est con, l'injustice de la vie frappe vraiment aux pires moments.

Le quatre décembre, après avoir échoué – comme on dit, les blagues les plus courtes sont les meilleures – j'ai laissé tomber mon idée lumineuse qui ne me semblait finalement vraiment plus si lumineuse que ça et j'ai fait comme d'habitude : j'ai entamé autre chose. Eh bien oui, c'était évident, essayez de suivre un peu ! Sauf que mon idée, même ternie par mon échec, continuait à me trotter dans la tête. Mon héroïne, surtout, exhumée du scénario inexistant de son histoire, revenait faire son chemin toute seule comme une grande pendant que j'essayais de ne plus y penser. « Eh, je suis là ! Tu m'as fait naître avec une grande gueule, alors assume ». J'avais l'impression d'avoir passé une journée à tondre une pelouse et d'avoir le déplaisir de constater qu'une mauvaise herbe avait échappé à mon attention. Et ça n'a pas raté. Quand l'histoire que j'avais démarrée a échoué à son tour puisque, manifestement, mon sens de l'organisation avait refait sa vie avec quelqu'un d'autre, j'ai écouté mon héroïne et j'ai remis le couvert.

Verdict de ce deuxième round ? J'ai échoué.

Vous allez finir par vous dire que je me fiche de vous, mais c'est la vérité, j'ai échoué une deuxième fois, puis une troisième, puis une quatrième, des débuts avortés d'une fiction pleine de pansements et de raccourcis qui continuait pourtant à pousser dans son coin, de mois en mois et puis finalement d'année en année. Jamais vu une plante aussi vaillante de toute ma vie, même sans eau elle proliférait. Pour moi, elle a fini par devenir « la » fiction. Cette fiction. L'histoire dans laquelle je finissais toujours par replonger, quoi que je fasse, quoi que je puisse écrire, peu importe la façon dont j'essayais de m'en détourner en me répétant qu'elle n'en valait pas la peine. Je suis devenue fan de mes personnages, je les comprenais, ils faisaient partie de moi et j'y pensais constamment même lorsque j'écrivais quelque chose d'autre. À chaque fois.

En 2017, fin d'année, après avoir lutté pendant trois plombes, j'ai fini par décider de terminer cette foutue fiction et d'essayer d'en faire un truc sympathique. Je l'ai reprise avec tout ce que j'avais de sérieux en moi pendant un mois. Le Nanowrimo arrivait. Je me suis dit que c'était parfait, que j'allais tenter le nano pour la toute première fois avec ma chouchoute de fiction entre les mains. J'ai sifflé mon sens de l'organisation pour qu'il se ramène – il a bien voulu venir travailler à mi temps, et c'était déjà bien – et j'ai dégagé un scénario valable (c'est à dire aussi valable qu'il pouvait l'être) pour le jour J.

Et puis arrive le jour J. Vous savez ce que j'ai fait ?

J'ai changé d'histoire.


Je sais ce que vous pensez.

Vous voyez, là, j'y repense en même temps que vous et moi aussi je me trouve complètement stupide – mais qui sait si je n'ai pas eu raison ? Encore aujourd'hui, je suis incapable d'expliquer pourquoi j'ai changé d'avis et de fiction au dernier moment. Je ne sais pas. J'ai encore une fois tourné le dos à mon héroïne qui m'a regardé faire d'un œil blasé et j'ai écrit avec d'autres personnages pendant un mois comme une folle, 1667 mots par jour, parfois plus mais jamais moins. J'ai réussi à écrire mes 50000 mots en trois semaines montre en main. C'était la première fois que j'écrivais aussi rapidement, de toute ma vie. Je me suis vraiment découverte. J'ai parfois écrit pour écrire et j'ai souvent été bloquée dans l'écriture mais ça a été l'expérience la plus libératrice et la plus jouissive de toute ma jeune vie d'autrice en herbe. J'ai adoré ça. Pourtant, quand j'ai terminé et validé mon succès sur le site du nano et que j'ai fait dérouler les 111 pages que j'avais écrites, ma première pensée a été : « dommage, j'aurais pu avoir 111 pages avec Blue Hours. »



Le truc, c'est que je ne fais pas confiance à cette histoire, même si je l'adore du plus profond de mon cœur, bien plus que tout ce que j'ai pu réussir à sortir depuis que j'écris – des poèmes sur mon chat à mes neuf ans et une saga à douze à propos d'une fille qui découvre que sa mère biologique vient d'une autre planète et, qu'accessoirement, elle est verte. Pour moi, selon mes critères, et de façon la plus objective possible, elle n'est pas suffisamment bonne pour être publiée un jour, pour des tas de raisons. Pourtant, elle continue de m'appeler encore et encore, et à chaque fois que j'écris autre chose j'ai une sensation de manque, vous saisissez un peu le dilemme ? D'où cet article.

Alors, pourquoi écrire ?


Récemment, j'ai décidé de traiter l'écriture plus sérieusement, d'arrêter de folâtrer à droite à gauche dans les prés avec une fiction un jour et une autre fiction le lendemain. Être dévergondé n'avance pas à grand chose dans cette branche – pas plus que dans les autres, vous me direz. J'ai décidé d'avancer et de finir un projet en vue, peut-être, de tenter l'(auto)édition. Je ne voulais plus écrire comme ça, un peu par dessus la jambe, à pondre un truc valable tous les trente-six du mois. Le nano m'avait ouvert les yeux et je savais que j'avais envie de plus. Vous imaginez bien qu'avec un projet comme Blue qui n'aboutira sûrement jamais à rien, je risque de me retrouver encore longtemps à jouer les dévergondées. Je meurs d'envie de l'écrire, mais je reste persuadée que j'aurais beaucoup plus de chances d'avancer avec une autre histoire. Faut-il suivre les "tendances" ou faire ce qu'on a envie de faire en dépit du bon sens ? Tenter le coup ou garder le cap sur "ce qui marche" ?

Et c'est là que je me suis demandé : vous, pourquoi écrivez-vous ?


[*A toi qui passe par là et qui gagne ta vie en vendant des assurances, sache que je t'aime et que je ne te veux aucun mal. Bisous.]

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